Qu'est ce que la pédagogie Montessori ?
Maria Montessori, une pédagogue chercheuse italienne, fit le constat de l'inefficacité de l'enseignement institutionnel à prendre correctement en charge les déficients mentaux, mais également les enfants des milieux défavorisés.
Elle entreprit, à partir de 1904, la description d'une méthode pédagogique, née de ses longues observations, centrée sur le développement des enfants jusqu'à maturité.
Elle plaça l'enfant comme principal acteur quasi-autonome de son acquisition du savoir. Pour elle, l'enseignant ne fait qu'accompagner l'enfant dans l'utilisation du matériel pédagogique, élément essentiel de cette méthode.
L'enfant, responsabilisé dès ses premières années, selon cette approche, découvre le monde et ses lois par sa propre initiative, à son rythme et en multipliant les interactions sensorielles, avec du matériel pédagogique bien choisi.
Cette initiative fit ses premiers pas d'abord en Italie, avec la fondation de dizaines d'écoles mues par ses principes pédagogiques. La méthode se développa ensuite aux Etats-Unis, avec des milliers d'écoles Montessori en activité dès le milieu du vingtième siècle. Aujourd'hui, on estime à plus de 20 000 les écoles de part le monde qui se revendiquent de la méthode Montessori.
Pourquoi s'intéresse-t-on à la méthode Montessori de nos jours ?
Une nouveau regain d'intérêt pour cette méthode se manifeste ces dernières années dans les pays européens.
Il s'explique assez simplement par un sentiment général de baisse du niveau scolaire moyen, dans un monde de données toujours plus complexe, accentuant la perte de confiance dans les instances éducatives historiques. Ce sentiment est corroboré factuellement par l'évaluation et le classement international PISA des savoirs acquis à l'âge de 15 ans, en place depuis 2000. Le classement est peu flatteur pour les pays européens de l'Ouest, poussant États et familles à réagir.
Si on prend l'exemple de la France, sa 23ème place au dernier classement de 2018, relativement moyenne, est en trompe l’œil. En effet, c'est les élèves des milieux favorisés français qui relèvent le classement global du pays, en masquant l'un des plus grands gouffres dans l'accès au savoir, à l'échelle internationale, avec les milieux les plus défavorisés.
Tandis que les gouvernements successifs se battent à coup de réformes antagonistes pour essayer d'améliorer la situation, les familles se tournent vers des pédagogies alternatives, notamment la méthode ou les écoles Montessori.
La méthode Montessori est-t-elle en accord avec les principes et règles éducatifs islamiques ?
Comme pour toute pensée ou discipline récente, évitons, en tant que musulmans responsables devant Allah soubhanahou, de tomber dans deux écueils. Le plus courant est de faire sienne toute idée en vogue, à priori qui n'a pas trait à la religion, sans discernement ou approfondissement. Cette attitude mène à vivre dans la contradiction de valeurs et de comportements, parfois dans le déni, qu'Allah nous en préserve. Évidemment, rejeter beaucoup de nouveautés en bloc dans l'hypothèse que cela pourrait nuire à notre foi et pratique religieuse, mais sans pouvoir mettre le doigt sur ce qui est vraiment problématique, est aussi un écueil. Mais, il faut bien l'admettre, à une époque où on s'accommode plus facilement d'une pratique religieuse superficielle, le second écueil est bien plus rare que le premier.
Notre propos ici n'est pas de faire un rappel sur les fondamentaux ou des détails de l'éducation des enfants selon l'Islam. Chacun pourra se référer à l'un des nombreux ouvrages de fiqh et de pédagogues musulmans sur la question.
Nous mettons juste en avant des points importants concernant la méthode Montessori considérée d'un point de vue islamique.
Influencée par son approche d'observatrice assidue des enfants, Maria Montessori en est venu à dévaluer la place prépondérante de l'éducateur et plus particulièrement des parents. A l'opposé, le Prophète Mohammed (SAAWS) a mis l'accent sur la responsabilité première des parents dans l'éducation de leurs enfants. Nous rappelons ici le célèbre hadith de notre bien aimé.
D’après Abou Hourayra le Prophète (SAAWS) a dit: « Chaque nouveau-né vient au monde selon la fitra [c'est à dire naturellement croyant orienté vers la vérité, dans la saine nature avec laquelle il fut créé] et ce sont ses parents qui font de lui un juif, un chrétien ou un mazdéen. […] » (rapporté par Al-Boukhâry et Mouslim)
Ainsi, les parents musulmans ne peuvent se contenter d'être en retrait, comme le préconise Maria Montessori, des discrets observateurs de l'évolution de leurs enfants, qui s'en remettent uniquement aux objets pédagogiques. Il ne peuvent compter sur "l'auto-discipline" que l'enfant est sensé acquérir par lui-même. Au contraire, les parents musulmans doivent être des guides toujours présents pour mener leurs enfants dans la découverte de ce monde et la préparation du suivant, avec des réponses justes aux questions légitimes.
D'autre part, la méthode Montessori accorde peu de place au développement de la mémorisation de l'enfant dans ses premières années. Ce travail de développement de la mémoire est décrit négativement, car selon la méthode, il faut laisser l'enfant construire des capacités d'adaptation et ne pas l'encombrer de beaucoup de connaissances. Or les deux qualités ne sont pas, en réalité, opposées mais complémentaires. Dans son évolution biologique, le très jeune enfant dispose de neurones en formation, avec le plus fort potentiel de croissance, pour installer des capacités de mémorisation essentielles pour toute sa vie. Ses facultés d'adaptation peuvent elles être travaillées ultérieurement. C'est ce que nous montre l'approche islamique issue du Créateur.
Abou Hourayra (radhia Allâhou anhou) rapporte que le Messager d’Allah (sallallâhou alayhi wa sallam) a dit : “Lorsque le fils d’Adam meurt, ses œuvres cessent de lui rapporter des récompenses, excepté trois : une aumône permanente, une science utile qu’il a enseignée et un enfant pieux qui prie pour lui !”.
Dans ce sens, l'islam demande aux parents d'apprendre à leur jeunes enfants, autant que possible, par cœur le Coran, des invocations etc. Cette ligne pédagogique est la meilleure. Elle a montré par le passé des résultats manifestes. La Oumma a formé une proportion considérable de hafidh al Coran (connaisseur du Coran par cœur) dès l'âge de 5 ans, qui sont devenu des érudits et sommités dans de nombreuses sciences religieuses et terrestres par la suite.
En rejetant des concepts comme la performance, l'évaluation/notation/comparaison des enfants, en les estimant contre productives, Montessori montre ses limites. La méthode peut aider des enfants à ne pas sombrer dans le rejet scolaire, mais peut-t-elle aider des bons élèves à devenir excellents et développer toutes leurs potentialités ? Rien n'est moins sûr.
La pédagogie Montessori est-t-elle pour autant à rejeter ?
Comme dit plus haut, en procédant avec discernement, on peut prendre de cette pédagogie les éléments bénéfiques qui ne contredisent pas notre socle de valeurs islamiques et rejeter les aspects pour le moins équivoque.
Montessori voit juste en mettant l'accent sur une approche du monde par voies sensorielles combinées. La vue, l'ouïe, l'odorat, le goût et surtout le toucher pour la chercheuse doivent être sollicités intensivement chez les tout petits. En cela, elle rejoint le Coran qui valorise les 5 sens en décrivant l'intelligence non comme une activité cérébrale pure mais en forte relation avec une perception fine du monde qui entoure l'homme. Alors, oui pour utiliser ces objets colorés en bois ou carton à l'usage de nos enfants, fruits de longues expérimentations.
D'autre part, une minorité d'enfants ont du mal à assimiler la notion de discipline que tentent de leur transmettre enseignants et parents dans les premiers âges. Une approche moins directive et plus centrée sur le développement de la confiance en soi peut s'avérer efficace pour ces profils. Donc, exceptionnellement, l'éducateur musulman peut être moins directif pour favoriser, dans une phase particulière du développement de l'enfant, l'épanouissement de l'enfant éduqué. Mais, il reste bien sûr bien présent dans son rôle d'enseignant et modèle le long du parcours éducatif. C'est ici juste un point de ressemblance relevé sur un aspect très précis entre les enseignements de l'éducation islamique, conformes au Coran et à la Sounna, et la méthode Montessori, non sur l'ensemble de la méthode et ses assertions sous-jacentes.
Éduquer nos enfants en utilisant du matériel pédagogique Montessori
En résumé, les objets sensoriels de "type Montessori" susciteront l'intérêt des enfants pour un apprentissage agréable, rapide et qualitatif, sans pour autant contredire les convictions parentales. L'éducateur placera ce matériel entre les mains de l'enfant en l'assistant et le guidant pour suivre un programme éducatif planifié.
Pour l'apprentissage de la langue arabe, nous proposons les excellents coffrets de matériel Montessori de la marque Graine de Foi.
Ils ont été conçu avec la collaboration de spécialistes musulmanes de la pédagogie : Imène Seyour (logopède/othophoniste) et Aamna Chaudhry (conseillère en pédagogies alternatives). Le coffret 1 des premiers mots arabes aide l'enfant à acquérir ses premiers mots arabe/français/phonétique/anglais du langage courant. Le coffret 2 permet de d'acquérir plus spécifiquement l'alphabet arabe en s'appuyant, en particulier, sur le toucher d'où la dénomination des "lettres rugueuses arabes". Le troisième coffret passe à l'étape suivante dans la découverte de la construction libre des mots arabes, "lettres mobiles", avec les particularités des lettres en début/milieu et fin de mots, ainsi que des voyelles.
Le coffret des "50 premiers mots arabes" développé par Goodword, s'inspire quant à lui de la nomenclature Montessori pour proposer des cartes éducatives plaisantes à manipuler par l'enfant.